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 INSUFFISANCE RÉNALE

 Un premier bilan de cette maladie en France pour mieux planifier les soins

Plus de 30 000 personnes traitées par dialyse. C'est la première fois qu'une enquête nationale réalisée par l'assurance-maladie à la demande du ministère de la Santé permet de connaître le nombre précis de personnes sous rein artificiel. 

Un peu plus de 30 000 personnes, 30 882 exactement sont atteintes d'insuffisance rénale terminale, une pathologie très lourde, le rein n'éliminant plus les nombreuses toxines présentes dans le sang. Elles sont alors traitées par dialyse ou rein artificiel, un système sophistiqué grâce auquel les toxines du sang passent au travers d'une membrane et sont éliminées, mais un système très contraignant nécessitant plusieurs séances par semaine. Cet état des lieux, et sa répartition région par région, devrait permettre de mieux organiser les possibilités de soins sur l'ensemble du territoire. Afin que les patients puissent trouver plus facilement à proximité de leur domicile les centres de dialyse les plus adaptés à leur état de santé. 

«En fait c'est une nouvelle façon de planifier les soins», précise le Dr Pierre Fender, médecin conseil national adjoint de la Caisse nationale d'assurance-maladie. Jusqu'ici leur organisation était basée sur la «carte sanitaire» des centres de dialyse mais celle-ci n'était plus adaptée aux besoins d'une population vieillissante. 

Car cette population a de plus en plus recours au rein artificiel du fait des complications liées à une hypertension, un diabète, une maladie rénale ou la prescription de médicaments toxiques pour le rein. Grâce à cette enquête, les agences régionales d'hospitalisation vont donc être appelées à mieux organiser l'offre de soins de façon à répondre aux besoins d'un nombre très précis de patients ainsi que de leur typologie ­ savoir s'il vaut mieux créer des centres lourds ou des unités de dialyse médicalisée plus légères. 

«C'est dire l'importance de connaître le nombre de malades à l'heure actuelle et celui des nouveaux cas survenant chaque année, mais aussi le nombre de greffes de reins,» ajoute le Dr Fender. 

18 047 hommes et 12 835 femmes, avec un âge moyen de 63 ans ­ le plus jeune a un an et le plus âgé en a 103 ­ sont donc sous rein artificiel dans notre pays, soit 513 personnes pour un million d'habitants (498 pour la métropole seule). «La France tient un rang honorable, entre la Grande-Bretagne où seuls 298 individus par million d'habitants sont pris en charge (car les plus de 75 ans n'ont pas droit à la dialyse) et l'Allemagne (546 par million d'habitants)», analyse le Dr Pierre Fender. «Mais elle a des chiffres nettement plus faibles que le Japon (près de 1 400) ou les États-Unis (près de 1 100).» 

Si l'on examine les chiffres région par région, il existe des différences du simple au double avec 355 pour un million d'habitants dans les Pays de Loire contre 675 personnes pour un million en Provence Côte d'Azur. En chiffres bruts, on a l'impression que le sud de la France est le plus concerné, probablement en raison du plus grand nombre de personnes âgées. 

Mais une analyse dite standardisée permet de gommer l'effet âge et donne des résultats sensiblement différents des chiffres bruts. Le Nord-Pas-de-Calais passe alors à la première place avec 2 283 cas, soit 639 cas pour un million d'habitants et l'Île-de-France monte au troisième rang. Mais surtout on voit que les chiffres sont particulièrement préoccupants dans les départements et territoires d'outre mer et en particulier à la Réunion où cet indice est de 1989 pour un million. «Il existe un réel problème de santé publique dans ce département peuplé pourtant d'une population jeune mais probablement moins bien prise en charge au niveau de l'hypertension artérielle ou du diabète, postule le Dr Fender. 

D'ici à la fin du premier semestre 2004, cette enquête devrait être complétée par une description de l'organisation et du fonctionnement de l'ensemble des unités de traitement. Sans oublier une analyse soigneuse du coût de la prise en charge. 

Les données recensées pourront aussi constituer un indicateur utile pour améliorer la prévention de pathologies conduisant à l'insuffisance rénale, comme le diabète en particulier.

 source : Le Figaro - janvier 2004