Une longue histoire
Les hôpitaux lyonnais
ont été des pionniers dans la scolarisation des
enfants malades ; avant la seconde guerre mondiale il
existait déjà des enseignants à Renée Sabran.
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C’est
le professeur Jeune qui en 1948 demanda à l’inspecteur d’académie
un enseignant pour les enfants de son service au Centre
Hospitalier Lyon Sud. M. Fluchaire, normalien sortant y fera
toute sa carrière.
Deux écoles se développeront, au sud dans les services de MM.
Gilly, Kohler et Daudet ; au nord dans les services de Livet
pour le traitement de la scoliose (MM. Stagnara et Michel) et de
la Croix-Rousse (MM. Berthoye et Bertrand) pour les insuffisants
respiratoires et les maladies infectieuses.
Les séjours hospitaliers étaient longs (jusqu’à six mois d’hospitalisation
pour une scoliose !) et l’école dans l’hôpital
fonctionnait en classe constituée avec des groupes d’élèves
assez stables.
En
1980, l’évolution des traitements et la forte diminution de
la durée d’hospitalisation remettent en question le travail
scolaire fait à l’hôpital. Les enseignants proposent alors
une scolarisation à domicile pour les enfants en convalescence
ou en inter-cure. En 1984, une nouvelle convention entre les HCL
et l’Inspection Académique entérine ce fonctionnement.
En 1984, le service de l’Escale au Centre Hospitalier Lyon Sud
intègre l’enseignant dans un nouveau rôle. Il ne s’agit
plus de scolariser les enfants dans le service mais d’analyser
leur problématique globale en équipe pluridisciplinaire afin d’aider
les familles et les écoles pour améliorer les intégrations
scolaires de ces enfants.
En 1988, l’ensemble des enseignants en milieu hospitalier est
regroupé au sein de l’école spécialisée des enfants
malades.
1998 sera un année phare pour l’école et les HCL puisque se
déroulent deux colloques importants : Le premier “Du bilan
neuropsychologique aux démarches pédagogiques” verra l’amphithéâtre
de l’école normale supérieure trop petit pour accueillir
tous les participants et deviendra biennal ; le second : “L’enfant,
l’adolescent malades et l’école” réunira 650 personnes
à la cité internationale de Lyon. Ces deux grandes
manifestations concrétisent la collaboration entre l’Education
Nationale et les HCL, Mme Carole Bérard étant à l’initiative
du premier colloque, Mme Nicole Pasquier du second.
L’Education
Nationale
Au début du 20e siècle, des écoles “de plein air”,
accueillent les enfants malades (à Mornant pour le
Rhône).
En 1963, une première circulaire incite les écoles
ordinaires à accueillir les enfants ayant des troubles
de la santé. Les lois d’intégration de 1975 oublient
les enfants malades ; il faut attendre la loi “Jospin”
en 1989 pour que soit enfin reconnu le droit à la
scolarité pour les enfant malades. |
Trois
circulaires d’application de cette loi viendront en définir
les modalités :
- en 1991 pour l’organisation de l’école dans les
structures médicales ;
- en 1998 pour l’aide pédagogique à domicile ;
- en 1999 pour l’accueil dans les écoles ordinaires.
(Projet d’Accueil Individualisé).
Une formation sur deux ans est proposée aux enseignants
souhaitant se spécialiser dans la prise en charge des enfants
malades ou handicapés moteurs. Cette formation a toujours été
proposée au Centre National de Suresnes et à l’IUFM de Lyon
depuis cinq ans. Les médecins hospitaliers lyonnais
interviennent régulièrement dans ce cursus.
Evolution
des missions de l’enseignant en hôpital
Nous l’avons vu, l’évolution des
protocoles de soins a rendu nécessaire l’évolution
du travail de l’enseignant en milieu hospitalier.
Avant 1980, il s’agissait de scolariser des enfants à
l’hôpital pour de longs séjours. Ces enfants
ressortaient définitivement guéris ou partaient en
maison médicale et une structure scolaire prenait la
suite.
Le raccourcissement des séjours, le retour précoce
dans la famille ont rendu nécessaire l’organisation d’une
scolarisation à domicile. |
Enfin,
pour un nombre grandissant d’élèves, les difficultés d’adaptation
scolaire dues à un handicap moteur ou des problèmes cognitifs
de mieux en mieux évalués grâce à la neuropsychologie de l’enfant,
demandent à l’enseignant de ces services un travail d’analyse
des difficultés scolaires et une recherche d’adaptations et
de remédiations en équipe pluridisciplinaire. Cet enseignant
devient une interface entre l’équipe médicale et l’équipe
éducative de l’école de l’enfant. Si l’Escale a été à
l’initiative de ce fonctionnement dès 1984, beaucoup d’autres
services développent ce type d’évaluations-propositions :
(Dr Bérard et Dr Rousselle à Lyon-Sud ;
Dr Mottolese à Neuro, le Centre Léon Bérard, le Centre des
Massues).
Les
outils
La salle de classe au sein du service
est un lieu privilégié où l’enfant malade peut
redevenir élève. Le rituel est rétabli, il “va à l’école”.
L’ordinateur et les moyens de communications,
téléphone ; fax ; Internet ; courriel sont
incontournables pour :
- maintenir un lien entre l’élève et sa classe
habituelle ; |
-
constituer des réseaux entre professionnels, (équipe
pluridisciplinaire de l’hôpital ; échanges inter-hôpitaux,
échanges entre l’hôpital et l’école) ;
- ouvrir sur l’extérieur ;
- rompre l’isolement. Par exemple, durant trois ans,
Aurélie a pu fréquenter à mi-temps les CP, CE 1 et CE 2 de
son école par visiocommunication avant qu’une greffe rende
possible son intégration véritable et la libère de l’appareil
respiratoire auquel elle était reliée en permanence.
Le nouvel hôpital VOIR DOSSIER SPECIAL
La seule réunion que les enseignants
ont eue avec les concepteurs qui ont été chargés d’élaborer
le projet du nouvel hôpital avait inquiété les
surveillantes qui réclamaient des salles communes de
restauration, les éducatrices qui souhaitaient une
salle pour les activités ludiques et éducatives, les
enseignants qui se voyaient proposer une ”école”
centralisée au rez-de-chaussée.
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L’idée maîtresse de ces concepteurs étaient que la
chambre de l’enfant serait son unique lieu de vie où
tout lui serait apporté ; soins, repas et réseau
éducatif.
La proposition d’une salle de classe fonctionnelle, à
proximité de chaque service semble avoir finalement
été retenue. Il me reste à émettre le vœu que des
lieux de vie commune puissent permettre aux futurs
enfants hospitalisés d’être des convives dans une
salle de restauration, des partenaires dans une salle de
jeux et des élèves au sein d’une classe. |
Guy
ROUSSIN
Directeur de l’école spécialisée des enfants malades
Coordonnateur de l’aide pédagogique à domicile pour le
Rhône
Source
: site officiel du CHU de Lyon