Pipi au lit ? Ce
symptôme est très fréquent
puisqu’on estime qu’il concerne 4 à 8 % des enfants âgés de 7 à 8
ans. Ce
« pipi au lit » peut en fait se présenter schématiquement de
deux façons : •
l’enfant présente des fuites régulières
uniquement pendant le sommeil. Ce problème a parfois concerné son père
ou sa mère, et il existe depuis toujours, sans interruption prolongée.
On parle alors d’énurésie
nocturne isolée primaire, la plus fréquente ; ce n’est pas
une maladie mais ce trouble peut entraîner un inconfort personnel,
familial et social. Parfois, l’énurésie apparaît secondairement (énurésie
nocturne isolée secondaire), à la suite d’un événement comme la
naissance d’une petite sœur ou d’un petit frère, comme un déménagement,
comme la séparation des parents, comme le décès d’un proche, etc.
Malgré les progrès de la médecine, on ne connaît pas actuellement la
cause ni le mécanisme de ces anomalies. •
d’autres fois, le « pipi au
lit » n’est pas isolé et l’enfant présente d’autres symptômes,
comme des fuites d’urine dans la journée, des infections urinaires, une
constipation, des traces de selles dans le slip, des urgences pour faire
pipi à l’école, etc. On parle alors des « trouble
mictionnel », ce qui correspond le plus souvent à une anomalie
du fonctionnement de la vessie. Le trouble mictionnel le plus fréquent
est « l’instabilité vésicale ». Dans
tous les cas, une consultation auprès d’un médecin est nécessaire,
même si l’on a parfois un peu honte de ce symptôme et même si un
autre membre de la famille a présenté le même problème qui a
finalement disparu. En effet, dans un très faible pourcentage de cas, le
« pipi au lit » peut révéler des anomalies plus graves et
justifier une prise en charge spécifique. La consultation auprès d’un
médecin a aussi pour but de préciser s’il s’agit d’une énurésie
nocturne isolée ou d’un trouble mictionnel, car la prise en charge est
totalement différente. Que
peut-on proposer ? En
cas d’énurésie nocturne isolée primaire
(la plus fréquente), il n’est pas utile de proposer un traitement avant
l’âge de 5 ou 6 ans, à condition que l’enfant en exprime la demande.
Dans ce cas, malgré les nombreuses propositions de traitement qui ont été
faites au fil du temps, seules deux sont sérieusement validées et ne
comportent pas d’effets indésirables sérieux : •
Les systèmes d’alarme, dont le principe repose sur le conditionnement
de l’enfant à partir d’une tonalité spécifique déclenchée dès
que les premières gouttes d’urine sont émises. Ces systèmes sont très
efficaces et n’entraînent qu’un faible pourcentage de rechutes.
Malheureusement, une alarme coûte environ 100 euros et n’est
actuellement pas remboursée. •
L’autre traitement est un médicament, la desmopressine, qui est une
hormone anti-diurétique, que l’on donne au moment du coucher. Mais ce
n’est pas une hormone sexuelle et cette hormone est celle que tout le
monde produit normalement lorsqu’il fait chaud et que l’on urine
moins. Elle agit donc en diminuant le volume d’urine pendant le sommeil,
et n’a pas d’effet indésirable à condition de suivre soigneusement
la prescription. Ce produit est remboursé à 65 % par la Sécurité
Sociale. En
cas d’énurésie nocturne isolée secondaire, les deux mêmes
traitements sont généralement utilisés et souvent suffisants.
Cependant, une évaluation et une aide psychologique peuvent parfois
rendre service à l’enfant et à son entourage qui n’est pas toujours
en mesure d’identifier et de gérer le facteur déclenchant. Lorsqu’il
ne s’agit pas d’une énurésie nocturne isolée et que l’on
s’oriente vers un trouble mictionnel,
il est parfois utile de faire quelques examens simples, mais le traitement
comporte volontiers un médicament qui agit sur la coordination entre la
vessie et son sphincter ; ces médicaments sont des « anticholinergiques ».
Par ailleurs, lorsque existent d’autres anomalies susceptibles
d’entretenir le cercle vicieux, il est indispensable de les traiter
parallèlement : antibiotique en cas d’infections urinaires répétées,
laxatif en cas de constipation, parfois rééducation spécialisée. En
cas d’échec du traitement, il
est souvent nécessaire de pratiquer des examens complémentaires. Pour
résumer, le « pipi au lit » est un problème fréquent, qui
prend parfois des proportions anormales qui peuvent nuire à l’enfant.
Il convient donc de s’informer assez tôt auprès d’un médecin afin
de proposer un traitement adapté et personnalisé, dont le résultat est
généralement bon, parfois au prix d’un peu de patience et de persévérance. Pierre
Cochat
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